La drôle de guerre
La drôle de guerre désigne la période débutant par la déclaration de guerre de la France à l'Allemagne le 3 septembre 1939, et se terminant brutalement par le déclenchement de l'offensive Allemande le 10 mai 1940.
Durant cette période, aucune opération militaire d'envergure n'est menée entre le France et l'Allemagne. Les mobilisés rejoignent leurs affectations, et dès la mobilisation, une importante quantité de courrier est échangée entre les militaires et l'arrière.
L'organisation postale civile et militaire telle que prévue en temps de guerre est mise en place dès la mobilisation avec notamment l'instauration de la franchise postale pour les militaires, du contrôle postal civil et militaire, ou encore le renforcement de la poste aux armées.
De nombreuses flammes à slogan patriotiques apparaissent.
soutien à l'armée:
promotion des bon d'armement, un emprunt national visant à financer l'effort de militarisation:
civisme et patriotisme:
Comme le reste de l'économie, la mobilisation générale va dans un premier temps priver les services postaux de main d'oeuvre qualifiée. Aux lendemains de la mobilisation, de nombreux bureaux de poste ont du fermer faute de personnel, tandis que ceux restés ouverts ont réduit leurs heures d'ouverture et limités les services proposés. Ainsi le Petit Parisien du 26 octobre 1939 indique "qu'au début des hostilités, 42 bureaux ont du être fermés à Paris et 9 en banlieue".
La liste ci-dessous, non exhaustive, a été établie à partir des communiqués parus dans le Petit Parisien du 26 octobre 1939 au 2 février 1940.
Réouverture des bureaux à Paris
108 | 7, bd Haussmann (8e) | 1er novembre 1939 |
112 | 26 rue Amelot (11e) | 1er novembre 1939 |
28 | 6, rue des Ecoles (5e) | 6 novembre 1939 |
105 | 80, avenue Ledru-Rollin (11e) | 6 novembre 1939 |
115 | 22, rue des Saints-Pères (7e) | 13 novembre 1939 |
124 | 21, rue d'Enghien (10e) | 13 novembre 1939 |
24 | rue du Sentier (2e) | 23 novembre 1939 |
40 | rue du Etienne-Dolet (20e) | 23 novembre 1939 |
50 | rue Saint-Denis (1er) | 23 novembre 1939 |
77 | Bd Arago (13e) | 23 novembre 1939 |
114 | Bd de Strasbourg (10e) | 27 novembre 1939 |
46 | Rue des Goncourts (11e) | 27 novembre 1939 |
53 | Rue Poussin (16e) | 27 novembre 1939 |
23 | Rue Marcadet (18e) | 11 décembre 1939 |
39 | Rue Grange-aux-Belles (10e) | 11 décembre 1939 |
57 | Rue de Dijon (12e) | 11 décembre 1939 |
74 | Rue Bayen (17e) | 11 décembre 1939 |
75 | Rue La Pérouse (16e) | 18 décembre 1939 |
102 | Boulevard Pasteur (15e) | 18 décembre 1939 |
106 | Rue de Longchamps (16e) | 18 décembre 1939 |
82 | 27 rue de Francs-Bourgeois (4e) | 15 janvier 1939 |
85 | 160 rue du Temple (3e) | 15 janvier 1939 |
86 | 12 rue Clément-Marot (8e) | 15 janvier 1939 |
36 | 102 Bd Voltaire (11e) | 1er février 1940 |
76 | 86 rue de Flandre (19e) | 1er février 1940 |
83 | 14 rue Bleue (9e) | 1er février 1940 |
110 | 36 rue du Four (6e) | 1er février 1940 |
121 | 28 rue de Fêtes (19e) | 1er février 1940 |
Réouverture des bureaux de banlieue parisienne
Plaine-Saint-Denis | 1er novembre 1939 |
Maisons-Alfort-Charentonneaux | 1er novembre 1939 |
Asnières-Chanzy | 6 novembre 1939 |
Asnière-Quatre-Routes | 6 novembre 1939 |
Joinville-Polangis | 6 novembre 1939 |
Charenton-Magasins-Généraux | 13 novembre 1939 |
Saint-Maur-Port-Créteil | 13 novembre 1939 |
Vincennes-Prévoyance | 13 novembre 1939 |
La Courneuve-Quatre-Routes | 23 novembre 1939 |
Boulogne-Billancourt-Nord | 23 novembre 1939 |
Alfort | 23 novembre 1939 |
Gennevillier-Grésillons | 23 novembre 1939 |
Bas-Montreuil | 27 novembre 1939 |
Montrouge-Vache-Noire | 27 novembre 1939 |
Suresne-Cité-Jardin | 27 novembre 1939 |
Aubervilliers-Quatre-Chemins | 27 novembre 1939 |
Ivry-le-Petit | 27 novembre 1939 |
Fontenay-sous-Bois-Rigollots | 18 décembre 1939 |
Le courrier de cette période témoigne d'une certaine insouciance, mais également de la dureté de la vie des mobilisés, notamment durant l'hiver 1939 - 1940.
Carte postale humoristique envoyée en franchise militaire le 16 février 1940, moquant l'inexpérience des mobilisés. Ce type de carte témoigne de la relative insouciance de la Drôle de Guerre.
La franchise militaire
La franchise militaire a été accordée aux soldats avant même la mobilisation générale. En effet dès le 18 avril 1939 un décret prévoit que la franchise peut être accordée aux militaires sur arrêté du ministre des postes en cas de tension.
Décret du 18 avril 1939, article 1:
Sont admises à circuler en franchise par la poste, les lettres simples, c’est-à-dire ne pesant pas plus de 20 grammes, provenant ou à l’adresse des militaires et marins, faisant partie des armées de terre, de l’air et de mer en campagne ou rappelés exceptionnellement sous les drapeaux en cas de tension extérieure.
L'arrêté accordant effectivement la franchise postale aux conditions prévues par le décret du 18 avril 1939 est pris le 26 août 1939 par le ministre des PTT. A compter de cette date, tout militaire bénéficie de la franchise postale sans avoir à utiliser les timbres de franchise qui lui sont accordés mensuellement: la simple apposition de la mention FM et du cachet de vaguemestre lui accorde le port gratuit pour les lettres simples et cartes postales de moins de 20g.
A noter que les militaires ne bénéficient pas du port gratuit pour les lettres recommandées et pour les courriers de plus de 20g. Dans ce cas le tarif civil plein s'applique.
Les militaires ont bénéficié du port gratuit pour leur courrier à destination de l'étranger. Dans ce cas le vaguemestre affranchit la lettre au tarif pour l'étranger afin d'éviter la taxation.>
Par ailleurs en cas d'envoi par avion, la surtaxe aérienne doit être acquitée. Ainsi les courriers admissibles à la franchise militaire échangés par voie aérienne avec les colonies bénéficiaient d'une franchise partielle: seul le montant de la surtaxe aérienne devait être acquitté sous forme d'affranchissement.
Les cartes postales de franchise
De nombreuses cartes de franchises militaires ont été distribuées aux soldats. Certaines sont des modèles officiels, mais de nombreuses cartes de fabrication privées existent, parfois avec publicité imprimée.
Carte postale de franchise militaire repiquée pour en faire un message de remerciement suite à un envoi de colis de la part d'un "comité de dames". Carte envoyée le 22 janvier 1940: l'envoi de lainages est apprécié car l'hiver 1939-1940 fut particulièrement glacial.
Le courrier aux armées
Dès la proclamation de la mobilisation générales, des instructions sont diffusées sous forme d'affiches et de communiqués dans la presse quant aux pratiques à observer pour adresser du courrier aux militaires mobilisés. Il est notamment formellement interdit d'indiquer un nom de lieu dans la correspondance adressée aux soldats du fronts : seuls le nom, l'unité du soldat et son secteur postal, ou à défaut la mention par Bureau Central Militaire sont à indiquer.
Les militaires ont également l'interdiction d'indiquer toute mention de lieux dans leur correspondance.
Le but est d'éviter toute indicrétion permettant aux services de renseignements ennemis de déduire les positions et mouvements de troupes. Dans le même but, l'emploi de cachets à date génériques poste aux armées sur les correpondances simples évite qu'en cas d'indiscrétion un recoupement puisse être effectué entre l'information receuillie, l'unité et le numéro de secteur postal.
Le contrôle postal