La correspondance interzones

Aux termes de l'armistice de 1940, la France est morcelée en plusieurs zones, et est notamment coupée par la ligne de démarcation. Cette frontière intérieure délimite la zone (au Nord et à l'Ouest) occupée par les Allemands, du reste de la métropoles (plus la Corse et les colonies) sous contrôle du gouvernement de Vichy.

La désorganisation du service postal lors de la bataille de France avait déjà mis à mal les relations postales entre le sud et le nord de la France. A partir du 1er août 1940, les autorités allemandes interdisent tout échange de correspondance entre la zone occupée et la zone non-occupée. Seules les correspondances officelles entres le gouvernement de Vchy et ses représentatnts en zone occupées sont autorisées sans restriction, tandis que la correpondance entre administrations est contingentée à 300 lettres par jour.

Toutes communications postales, téléphoniques et télégraphiques entre les zones occupées et les zones non occupées seront interdites incessamment. Il ne sera fait exception que pour les communications téléphoniques et télégraphiques de la Délégation Française à Paris, et dans une mesure très réduite, pour la transmission postale de certains plis administratifs.
(Rapport de l'ambassadeur de France, Délégué Général du Gouvernement Français dans les territoires occupés, à Monsieur le Maréchal de France, Chef de l'Etat Français (Secrétariat général) du 31 juillet 1940)

Ainsi que je l'annonçais dans mon précédent rapport, les autorités allemandes ont considérablement aggravé les restrictions antérieurement appliquées en matière de transmissions postales, téléphoniques et télégraphiques dans la zone non occupée et la zone libre.
Aux termes du réglement pris par le Commandant en chef de l'Armée allemande (annexe n° II) les relations postales de toutes natures (expéditions de lettres, cartes postales, imprimés, envois de plis chargés, d'articles, d'argent, etc.) de même que les relations télégraphiques et téléphoniques sont interdites, pour le moment, par-dessus la ligne de démarcation et dans les deux sens.
Des sanctions sévères (peine de prison, ou même de mort dans les cas particulièrement graves) sont envisagées au cas d'infraction à ce réglement.
Toutefois, aucune restriction n'est apportée aux possibilités données à l'Ambassadeur de France, Délégué général du Gouvernement français dans les territoires occupés, pour communiquer, d'une part, avec la Délégation de WIESBADEN et, d'autre part, avec le Gouvernement français à Vichy.
Par ailleurs, des correspondances, en nombre trés restreint, pourront être échangées par les autorités françaises ou par leur intermédiaire. Le nombre de ces correspondances ne devra pas dépasser 300 par jour. Elles seront soumises à la censure qui fonctionnera à Paris.
La délégation française n'a pu obtenir aucun renseignement sur les motifs réels qui ont dicté une aussi grave décision.
(Rapport de l'ambassadeur de France, Délégué Général du Gouvernement Français dans les territoires occupés, à Monsieur le Maréchal de France, Chef de l'Etat Français (Secrétariat général) du 2 août 1940)

Toutefois les autorités Allemandes vont autoriser

Le contrôle de la correspondance interzones

La commission Allemande de Paris

Dès la mise en place de la correspondance interzones fin septembre 1940, une commission de contrôle postal (Briefprüstelle) basée à Paris est mise en place par les autorités allemandes.

Les activités de cette commission sont évoqués dans le Lagebericht (rapport de situation) du Militärbefehlshaber in Frankreich d'octobre 1940

1.) Postverkehr zwischen dem besetzten und dem unbesetzten Gebiet.

Zur Förderung des Waren- und Güteraustausches werden seit Mitte Oktober in beiden Richtungen täglich je 500 Auftrags- und Bestätigungskarten nach vorgedrucktem Muster zugelassen, die es den Wirtschaftsunternehmen erm glichen, Waren in dem anderen Gebiet zu bestellen, bezw. die Bestellungen entgegenzunehmen und die Zahlungs- und Versandbedingungen mitzuteilen.

Nachdem die Briefprüfstelle in Paris von 20 Mann verstärkt worden ist, dürfen den 1000 Sendungen von Behörden und wichtiger Wirtschaftspost nunmehr auch Anlagen (Rechnungen, Abschriften, Akten) beigefügt werden, die mit dem Inhalt der Schreiben in unmittelbarem Zusammenhang stehen.

Der Postverkehr mit den Familien-Nachrichtenkarten hat inzwischen einen erheblichen Umfang angenommen. Seit der Einführung Anfang Oktober bis zum 15. Oktober wurden durch die französische Postverwaltung verkauft: im besetzten Gebiet Frankreichs rund 4 730 000 Familien-Nachrichtenkarten (davon rund 2 000 000 Stück in Paris), im unbesetzten Gebiet Frankreichs rund 6 000 000 Familien-Nachrichtenkarten.

Die Aufnahme eines allgemeinen Postverkehrs zwischen dem besetzten und dem unbesetzten GebietFrankreichs ist im Laufe des Monats November zu erwarten. Anfang Oktober wurden dem OKH/GenQu entsprechende Vorschläge unterbreitet, die Aufnahme in einen Entwurf ber den Post-Waren und Personenverkehr fanden, der der Waffenstillstandskommission in Wiesbaden zur Stellungnahme unterbreitet worden ist.



Puce de lecteur (64/6) au dos d'une carte envoyée le 30 mai 1941 de Meknes au Maroc (zone non-occupée) vers le département de la Vienne en zone occupée; cachet d'arrivé à Ligugé du 7 juin 1941. Les puces de ce type se rencontrent sur les cartes voyagées de la zone libre vers la zone occupée et ont probablement été apposées lors du transit au bureau de Vichy avant la remise à la Feldpost allemande.

Le contrôle effectué par les autorité allemandes, s'il n'est pas évoqué directement sur le premier modèle de carte pour la correspondance familiale, est explicitement indiqué sur le second modèle (avec 7 lignes de texte): Il est indipensable d'écrire très lisiblement pour faciliter le contrôle des autoriés allemandes.

Le contrôle de la commission de Paris était discret, la carte arrivant le plus souvent sans la moindre trace de contrôle. Toutefois des cartes comportent des puces de lecteurs, vraisemblablement apposées par la commission de contrôle Allemande de Paris.

Les « cartes familiales » de correspondance interzone sont maintenant acheminées régulièrement après un grand nombre d’« inadmis » au cours des premiers jours. Par contre, les Autorités allemandes ont refusé l’organisation, par l'intermédiaire du Service social d’aide aux Émigrants, d’un échange de messages familiaux entre la zone occupée et d’autre part la Grande Bretagne et les colonies britanniques.(Rapport des préfets de zone occupée, octobre 1940)

 

La commission de Bordeaux

Une seconde commission de contrôle de la correspondance interzones est mise en place à Bordeaux le 3 juin 1941, comme indiqué dans le rapport du commandement militaire allemand de Paris (Lagebericht der Militärbefehlshaber in Frankreich du 31 juillet 1941)

Neben der Briefprüfstelle Paris hat am 3.6.1941 die Briefprüfstelle Bordeaux ihre Tätigkeit aufgenommen. Sie prüft alle Sendungen in abgehender und ankommender Richtung des Verwaltungsbezirks Bordeaux zuzüglich der 3 Departements Vienne, Deux Sèvres und Vendée. Zugewiesen sind ihr die bisher zugelassenen Karten (gewöhnliche Postkarten, Familien-Nachrichten-Karten, Handelskarten) und täglich in jeder Richtung 200 Sendungen von Behörden- und wichtiger Wirtschaft[s]post.
Zur Zeit durchlaufen täglich in jeder Richtung die Briefprüfstelle Paris etwa 200 000 Sendungen, die Briefprüfstelle Bordeaux rund 60 000 Sendungen.

 

La correspondance interzones avec les colonies

Les cartes échangées entre la zone occupée et les colonies françaises sous l'autorité de Vichy pouvaient également subir le contrôle des autorités de censures locales ou le contrôle d'un Auslandsbriefprüfstelle, au même titre que la correspondance en provenance de la zone non-occupée.

 

La fin du contrôle de la correspondance interzones

L'invasion de la zone non occupée par les Allemands en Novembre 1942 fait disparaitre de fait la ligne de démarcations, mais les controles demeurent : Le contrôle postal interzone ne prend fin avec le rétablissement officiel de la libre circulation des correspondances entre nord et sud que le 1er mars 1943.