La poste militaire et le contrôle postal > Poste militaire et contrôle postal français en 1939 - 40 > Le contrôle postal en France métropolitaine et en Corse
Le contrôle postal, télégraphique et téléphonique est activé le 28 août 1939 à 10h, avant même la déclaration de la guerre (3 septembre 1939), par l'envoi d'un télégramme officiel aux personnels de postes. Les instructions relatives au contrôle postal sont adressées aux préfets dès le 30 août 1939.
Son fonctionnement est imbriqué à la fois dans l'organisation postale militaire et dans l'organisation des services de renseignement.
Cette organisation découle de l'application du décret du 10 février 1939 relatif à l'organisation des services de contre-espionnage en temps de paix et en temps de guerre: le contrôle postal dépend hierarchiquement de la SCR (Section de centralisation du renseignement), dont la responsabilité est transférée en temps de guerre du 2e au 5e bureau de l'État-major.
La lettre ci-dessous envoyée en septembre 1938 montre que les commissions de contrôle postal, activées fin août 1939, existaient déjà en tant qu'unité militaire durant l'entre-deux-guerre.
Lettre envoyée le 30 septembre 1938 par un militaire affecté à la commission de contrôle postal NF de Valence. Cette lettre montre que les commissions existaient déjà durant l’entre-deux-guerre.
Quant à cette lettre, elle a été envoyée en juin 1939 et après plusieurs redirection, elle a été saisie par le contrôle postal dès son activation en raison de sa provenance allemande.
Lettre envoyée le 22 juin 1939 de Berlin-Charlottenburg à destination de Juan-les-Pins (Alpes-Maritimes) et réexpédiée plusieurs fois entre le 23 juin et le 30 juin 1939. Faute d’avoir trouvé sa destinataire, elle a été saisie par l’autorité militaire à l'activation des commissions de censure fin août 1939 en raison de sa provenance allemande.
L'organisation et les marques présentées dans ce chapitre sont effectifs jusqu'à l'armistice de juin 1940. L'invasion allemande puis les conditions d'armistice, notamment la réduction drastique de l'armée française et la création de la zone occupée, vont amener le contrôle postal à être profondément réorganisé sous le régime de Vichy.
Toutefois de nombreuses marques de la première période continueront à être utilisées après l'armistice, parfois jusqu'en octobre 1940 pour les plus tardives, le temps que le nouveau matériel soit livré.
Durant la première période, soit de fin août 1939 jusqu'à juin-octobre 1940, chaque commission est identifiée par un code à deux lettres et le contrôle postal en France métropolitaine est organisé en trois grands groupes :
À cela s'ajoute le contrôle spécifique aux camps d'internement qui est étudié dans un chapitre dédié.
Le contrôle postal effectué dans les colonies françaises est également étudié dans une section dédiée.
Les commissions de contrôle réparties en France métropolitaine sont dotées du matériel suivant :>
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Un cachet rond administratif de type déesse assise avec le texte contrôle postal - commission ... (avec le code à deux lettres identifiant la commission) qui n'est toutefois pas apposé systématiquement sur les courriers contrôlés. Ce cachet sert également de marque administrative sur le courrier officiel et comme marque de franchise sur le courrier du personnel militaire des centres de contrôle. |
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Un cachet de cire de type déesse assise qui semble avoir servi à refermer des lettres recommandées en valeur déclarées après contrôle (vu sur des lettres ouvertes par la commission WO) ou à sceller des lettres de service. Ces cachets de cire sont rares. |
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Un cachet oblong avec le texte ouvert par l'autorité militaire et au centre le code à deux lettres identifiant la commission suivi d'un numéro de lecteur. |
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Différents modèles de bandes destinées à refermer les courriers. Il existe même des bandes de fortunes fabriquées à partir de simples morceaux de papier. |
Le contrôle postal répondait à plusieurs objectifs :
Les commissions de contrôle postal sont réparties sur tout le territoire. Leur nomenclature est calquée sur le découpage par région militaire.
A l'origine, la première lettre de la commission indiquait la région dans l’ordre de la numérotation des régions militaires (A pour la première région, B pour la seconde, U pour la région militaire de Paris, etc.) Toutefois cette correspondance est basée sur le découpage des régions militaires d'avant 1934. Or en 1934 les 10e (Rennes) et 12e région (Limoges) ont été dissoutes et réparties entres les régions limitrophes. Par la suite, en juin 1938 la 20e région est scindée pour recréer la 10e région (Strasbourg) et en mars 1939 la 6e région est également scindée pour recréer la 12e région (Reims).(réf. 1)
Ces changements expliquent donc que la correspondance initiale entre la première lettre et le numéro de la région ne soit plus valide en septembre 1939 lors de l'activation de la censure. Ce constat nous permet faire remonter l'élaboration de la nomenclature des commissions de censure avant 1934, évolution d'un système hérité de la Première Guerre mondiale.
La 19e région n'apparaît pas dans cette liste car elle correspondait à l'Algérie. (réf. 1)
Quelques commissions sont remarquables :
Contrôle des informations de presse : les informations de presse sont contrôlées par les commissions UA6 et UB14. Les lettres contrôlées sont oblitérées par le cachet hexagonal Paris R.P. B. Un second cachet Contrôle des informations R.F. ou Contrôle des informations R.F. Quotidiens (en rouge) est apposé sur l'enveloppe.
Contrôle du courrier des prisonniers de guerre : cette tâche est dévolue à la commission UP (probablement installée au sein même du bureau de poste des prisonniers de guerre, 19 rue d'Alleray à Paris) qui a contrôlé les courriers de prisonniers allemands en France (quelques centaines durant la Drôle de Guerre), des premiers prisonniers français en Allemagne, des internés civils (essentiellement des Allemands, Autrichiens et apatrides réfugiés en France) ainsi que les courriers adressés au comité international de la Croix-Rouge à Genève. Parmi les cachets utilisés, on notera le très rare cachet déesse assise acheminer d'urgence - commission UP. Les cachets ordinaires sont le cachet déesse assise contrôle postal - commission UP et les cachets UP50, UP51, UP52 et UP53.
Commission GF de Belfort : cette commission (GF120 à GF122) est atypique car elle ne suit pas la logique de la nomenclature des autres commissions : GF est déjà attribué à Epinal, et les numéros 120 et 122 sont déjà utilisés par IB120 et IC122. Par ailleurs la forme du cachet déesse assise et du cachet GF120 est également atypique.
Cachets EB2, EB11, EB12 et EB15 d'Auxerre : ces cachets, probablement apparus vers mai 1940, ne respectent pas la forme et la nomenclature des cachets des autres commissions.
Commission de Châlons-sur-Marne, équipe de Reims : cette sous-commission est dotée de son propre cachet déesse assise dont le code FCR est à ce jour le seul connu à trois lettres.
sources :
(*) cachet à double traits, probablement apparu vers mai 1940
(*) cachet à double traits, probablement apparu vers mai 1940
Les commissions de contrôle postal international étaient en charge du contrôle du courrier échangé avec l'étranger. Les rapports de ces commissions intéressaient particulièrement le renseignement militaire, comme l'évoque cet intéressant témoignage d'un ancien militaire du service de renseignement.
sources :
(I) Note "commissions de contrôle des correspondances postales terrestres, maritimes et aériennes internationales" de novembre 1939.
(II) Circulaire spéciale "commissions de contrôle des correspondances postales terrestres, maritimes et aériennes internationales" datée du 22 novembre 1939.
Les commissions de contrôle postal militaire étaient en charge du contrôle du courrier échangé avec les militaires du front et se trouvaient donc logiquement au sein des gares régulatrices desservant la zone des armées.
Il semble qu'en principe les courriers à destination de la zone des armées doivent être contrôlés par les commissions X, et les courriers en provenance de la zone des armées doivent être contrôlés par les commissions Z mais cela ne semble pas toujours respecté.