Cette page reprend en le remaniant et en l'enrichissant un article paru dans la revue de l'Assocation des Collectionneurs de Timbres-Poste de la Libération (ACTL) n° 181 de septembre 2013.
Face à la menace navale italienne, une escadre française est formée en Méditerranée orientale au côté de la flotte Britannique. Dénommée force X et placée sous le commandement de l’amiral Godfroy, elle arrive progressivement dans la rade d’Alexandrie entre le 24 mai et le 27 juin 1940. Une fois réunie, elle est composée des bâtiments suivants :
Les bâtiments les plus importants (marqués d’un astérisque * dans la liste ci-dessus) étaient dotés d’une agence postale embarquée. Les courriers expédiés par les marins de ces bâtiments partent donc de l’agence de leur propre navire, ou à défaut de l’agence d’un navire voisin.
Dans la rade d’Alexandrie, ces navires sont amarrés au milieu de la flotte britannique. Le 17 juin, Pétain demande l’armistice. Inquiets des conséquences que pourraient avoir le passage de la flotte française aux mains des Allemands, les autorités britanniques ordonnent à leur flotte d’attaquer et de couler les navires français à Mers-el-Kebir le 3 juillet 1940.
A Alexandrie, un accord est trouvé le 4 juillet entre les amiraux Godfroy et Cunningham. Les navires français sont désarmés et leur mazout est vidangé : l’affrontement est ainsi évité.
Ces navire resteront en rade d’Alexandrie jusqu’à ce qu’ils reprennent la mer et le combat au côté des alliés en juin 1943. Un grande partie des marins que comptait la flotte sont rapatriés, seule une fraction reste à Alexandrie pour assurer un minimum d’entretien des navires.
Ces marins échangeront un courrier abondant avec leurs familles. Au gré des évènements, les voies empruntées et le contrôle postal varieront considérablement, ce que nous examinerons au cours de cet article.
L’entrée en guerre de l’Italie fasciste au côté de l’Allemagne le 10 juin 1940 entraîne l’interruption des convois civils, et donc de l’acheminement du courrier via la Méditerranée.
Le paquebot-poste des Messageries Maritimes Felix Roussel, parti de Saïgon le 17 mai 1940, arrive à Port-Saïd en Egypte le 6 juin 1940. C’est sa dernière escale avant Marseille, et il embarque donc des sacs de courrier à destination de la France, dont des courriers provenant de navires de l’escadre d’Alexandrie. Mais du fait de l’interruption des routes maritimes à travers la Méditerranée, il ne peut poursuivre son chemin. Le Felix-Roussel est conduit près d’Ismaïlia où il arrive le 10 juillet. La Légation française au Caire est alors avisée que se trouvent encore à son bord 739 sacs de dépêches qui seront dans un premier temps confiées aux postes égyptiennes1 puis réexpédiées vers Saïgon, y compris les courriers en provenance de l’escadre d’Alexandrie. Ces courriers sont revêtus d’une griffe « retour à l’envoyeur / Voyage Indochine-France / du 17 mai 1940 interrompu ». Le 18 juillet, le Felix-Roussel est saisi par les autorités britanniques.
La voie de Méditerranée étant coupée, quelques courriers en provenance de l’escadre d’Alexandrie empruntent la voie alternative via l'Afrique du Sud mise en place par les Britanniques. Les navires britanniques contournent l’Afrique par le sud, font escale à Durban où le courrier est contrôlé par la censure Sud-Africaine et repartent vers le Royaume-Uni. Le courrier à destination de France est débarqué lors de l’escale de Lisbonne d’où il acheminé par voie terrestre 2.
La défaite française et l’épisode de Mers-el-Kebir changent radicalement les relations franco-britanniques : les anciens alliés sont désormais ennemis ; à partir du 4 juillet 1940, les relations diplomatiques sont interrompues et les navires français à portée de canon britannique - comme c'est le cas pour les bâtiments de la Force X - sont immobilisés et considérés comme « internés ».
Une convention est signée le 7 juillet 1940 entre les amiraux français et britannique. Elle règle les conditions d’internement et prévoit notamment l’échange de correspondances :
Article 7. Le personnel sera libre de descendre et de séjourner à terre, comme il est normalement d’usage et aussi de correspondre par lettre, sous réserve des règlements de la censure, la correspondance officielle sera envoyée de la manière normale.
Les marins internés ne sont pas prisonniers, et l’échange de correspondances n’est donc pas réglé par la Convention de Genève. Leur courrier reste soumis aux règles des militaires en campagne, qu’il s’agisse de la franchise postale ou du montant des taxes aériennes.
Concernant l’acheminement du courrier, trois périodes distinctes ressortent au cours de l’internement. Elles sont délimitées par des évènements historiques charnières :
du 4 juillet 1940 au 8 juin 1941 : voie du Levant Français, interrompue par la bataille du Levant (opération Exporter du 8 juin au 11 juillet 1941)
de juillet 1941 au 8 novembre 1942 : voie présumée d’Afrique Française du Nord, interrompue par le débarquement allié en AFN (opération Torch)
de décembre 1942 au 11 juin 1943 : voie de Turquie et de Syrie
Toutefois, compte tenu des délais d’acheminement du courrier de plusieurs mois, les courriers concernés peuvent tout à fait être expédiés ou reçus jusqu’à trois mois en dehors de périodes indiquées.
La convention signée entre les amiraux français et britannique prévoyait bien qu’un navire fasse la navette entre Beyrouth et Alexandrie, mais le texte n’évoque pas les besoins d’acheminement du courrier mais… d’approvisionnement en vin !! :
Article 6. Un petit navire marchand français sera autorisé à faire des va-et-vient entre Beyrouth et Alexandrie, autant qu’il sera nécessaire, pour assurer le ravitaillement en vin des navires.
Durant cette période, les lettres circulent par cette voie aussi bien dans le sens métropole vers Alexandrie que dans le sens Alexandrie vers la métropole.
Le passage par le Levant du courrier acheminé durant cette période est attestée par de multiples marques : apposition occasionnelle des marques de contrôle postal LO de Beyrouth, apposition du cachet poste aux armées de Beyrouth, mention « via Marine Levant » sur le courrier à destination des marins internés à Alexandrie ou encore étiquettes de sac de courrier de la Marine française au Levant.
Une griffe « Bâtiments français stationnés à Alexandrie » apparait fin janvier 1941 sur les courriers de métropole à destination des navires internés. Elle est probablement apposée à Beyrouth (uniquement sur les courriers à destination des marins embarqués) dans un but de tri et d’aiguillage car elle disparaît dès lors que la voie du Levant est interrompue.
Une griffe « French Navy » apparaît vers avril 1941 et sera apposée jusqu’à la fin de l’internement. Elle est probablement apposée par la censure anglo-britannique à Alexandrie, et ce uniquement sur les courriers à destination des marins embarqués (et non pas sur les courriers en provenance des marins), dans un but de tri et de routage vers les navires français.
L’agence embarquée du croiseur Duquesne ne reçoit le millésime 1941 de son cachet que tardivement. Les premiers jours de 1941 elle utilisera un dateur linéaire de fortune.
Les navires internés étant sous l’autorité de Vichy, donc en Zone Non Occupée, les communications entre les marins internés et la Zone Occupée se font selon les moyens imposés, c’est-à-dire les cartes interzones de type « correspondance familiale » jusqu’en août 1941, puis les cartes postales ordinaires jusqu’au rétablissement des communications normales au 1er mars 1943.
période |
sens |
voie |
Caractéristiques |
4 juillet 1940 – mai 1941 |
Alexandrie ➔ métropole |
Via la marine au Levant Français (Beyrouth) |
Au départ, cachet des diverses agences postales embarquées des bâtiments internés Possibilité de surtaxe aérienne au tarif des marins embarqués (1fr50 par 10g) Contrôle anglo-égyptien systématique Contrôle allemand du centre de contrôle postal G de Vienne occasionnel Censure française du Levant occasionnelle Application occasionnelle au Levant d’un cachet de transit « poste aux armées » muet ou d’un cachet « poste aux armées * 600 » Illustration : |
métropole ➔ Alexandrie |
Via la marine au Levant Français (Beyrouth) Liaison postale de métropole à Beyrouth par voie de surface (via Vienne) ou voie aérienne de Marseille à Beyrouth (moyennant surtaxe) Transfert du Levant à Alexandrie via navire de ravitaillement des marins internés, remise au consulat Français à Alexandrie qui transmet au contrôle postal anglo-égyptien.
|
Courrier adressé à « Marine Levant Beyrouth» puis « Marseille Gare Etranger » (à partir d’avril 1941) Possibilité de surtaxe aérienne au tarif des marins embarqués (1fr50 par 10g) Pour le courrier acheminé par voie de surface, contrôle allemand du centre de contrôle postal G de Vienne systématique (centre contrôlant habituellement les courriers échangés avec le Levant Français) Censure française du Levant occasionnelle Application occasionnelle au Levant d’un cachet de transit « poste aux armées » muet ou d’un cachet « poste aux armées * 600 » Application, probablement à Beyrouth, de la griffe « Bâtiments français stationnés à Alexandrie » à partir de fin janvier 1941 jusqu’à la fin de le voie du Levant Contrôle anglo-égyptien systématique à l’arrivée à Alexandrie Griffe « FRENCH NAVY » appliquée à partir d’avril 1941
|
Afin de sécuriser le Moyen-Orient, secoué par une rébellion anti-britannique en Irak et menacé par la décision des autorités de Vichy d’autoriser les avions allemands à utiliser les aéroports de Syrie, les alliés et les FFL décident de prendre de force de Levant français. L’opération Exporter est un succès et le Levant français devient un territoire sous contrôle des Forces Françaises Libres.
Si quelques courriers à destination des marins internés à Alexandrie passent via le Levant passé sous contrôle FFL, les courriers sont rapidement refoulés par le centre de contrôle postal G de Vienne. Une grande partie des courriers refoulés parviennent toutefois à Alexandrie via la voie alternative mise en place (voie présumée d’Afrique Française du Nord).
période |
sens |
voie |
Caractéristiques |
8 juin- 11 juillet 1941 Prise du Levant par les alliés et les FFL (opération Exporter) |
métropole➔Alexandrie |
Bataille du Levant : interruption de la voie de Beyrouth Les derniers courriers à passer par la voie de Beyrouth ont reçu au passage une marque du contrôle postale FFL de Beyrouth Ensuite les courriers ont été retournés après contrôle par centre de contrôle postal G de Vienne (cachet « Zurück » ou mention manuscrite). Un grand nombre de courriers ont été réacheminé via la voie alternative mise en place (voie présumée d’Afrique Française du Nord) et sont bien arrivés à Alexandrie. |
Courrier adressé à « Marine Levant Beyrouth» Contrôle allemand du centre de contrôle postal G de Vienne systématique.
Deux possibilités : 1°/ Passage du courrier via Beyrouth et application de la marque de contrôle de Beyrouth FFL à Croix de Lorraine . ou 2°/ Renvoi du courrier par le centre de contrôle postal G de Vienne : mention manuscrite ou cachet « Zurück » et réexpédition du courrier par la voie présumée d’Afrique du Nord (pas de marque spécifique) Contrôle Anglo-égyptien systématique à l’arrivée à Alexandrie Griffe « FRENCH NAVY » |
Il est certain que l’interruption de la voie du Levant a conduit à acheminer le courrier via une voie alternative : ainsi les courriers renvoyés par le centre de contrôle postal G de Vienne, bien que dépourvus de marque de réexpédition, sont bien arrivés à Alexandrie comme l’atteste l’apposition de la griffe « French Navy » et le contrôle anglo-égyptien.
Aucune marque ne permet d’attester avec précision quelle était cette voie alternative. Toutefois un nouveau changement de voie en décembre 1942 suite au débarquement allié en Afrique du Nord laisse à penser que cette voie alternative passait par l’Afrique Française du Nord (AFN).
Le système de « voie rapide »
Durant cette période un système d’accès à une « voie rapide » au moyen d’un numéro (à 5 ou 6 chiffres) à reporter sur l’enveloppe fait son apparition. Les modalités sont expliquées dans un communiqué paru dans le journal l’Ouest-Eclair du 8 mai 1942 : le marin indiquait un numéro dans un courrier, et son correspondant pouvait alors lui répondre par un courrier pesant 5 grammes au maximum en apposant au recto de l’enveloppe devant l’adresse le numéro communiqué. Selon cette note, cette voie permettant de passer d’un délai normal d’acheminement de 2 à 3 mois à un délai rapide de 3 à 4 semaine. Les modalités techniques de cette voie rapide ne sont pas précisées, mais il s’agit probablement d’un acheminement par avion entre la métropole et l’AFN, et peut être d’une accélération des formalités de tri et de contrôle.
Le numéro indiqué était à usage unique. Un contrôle des numéros était effectué au départ de métropole, probablement au bureau de « Marseille Gare Etranger » qui centralisait le courrier à destination des marins internés, et si les modalités n’étaient pas respectées (réemploi du numéro, poids excessif) le numéro était biffé et le courrier reversé dans le circuit normal.
Il semble donc que ce numéro donnait droit à un acheminement gratuit par avion, mais ces modalités ayant été peut-être mal interprétées, on trouve des courriers portant à la fois un numéro et un affranchissement à 1fr50 payant la surtaxe aérienne pour les marins embarqués.
L’arrêt de l’utilisation des marques de cachets d’agence postale embarquées
Occasionnellement à partir de début 1942, puis systématiquement à partir d’août 1942, les courriers au départ d’Alexandrie sont acheminés sans cachet d’agence postale embarquée. Ils se caractérisent par l’absence de marque d’agence postale au départ et par l’apposition en France d’un cachet à Vichy ou à Paris RP.
Le contrôle anglo-égyptien n'est pas systématique.
Une griffe apposée sur ce courrier indique le numéro et les modalités d’accès à la « voie rapide » décrite ci-dessus. Il en existe plusieurs variantes:
Plusieurs configurations de cartes interzones, donc à destination de la zone occupée, en provenance des marins des navires internés sont observées :
Il n'est pas certain que les marins d'Alexandrie aient utilisé des entiers interzones au type Iris et des entiers Pétain à 1F20.
période |
sens |
voie |
Caractéristiques |
Juin 1941 – novembre 1942 |
métropole ➔ Alexandrie |
Voie présumée d’Afrique Française du Nord (interrompue par le débarquement allié en AFN le 8 novembre 1942) |
Courrier adressé à « Marseille Gare Etranger » Possibilité de surtaxe aérienne au tarif des marins embarqués (1fr50 par 10g) Possibilité d’accès à une « voie rapide » Contrôle Anglo-égyptien systématique à l’arrivée à Alexandrie Griffe « FRENCH NAVY » appliquée à l’arrivée |
Alexandrie ➔ métropole |
Voie présumée d’Afrique du Nord avec marque d’agence embarquée (jusque vers août 1942) Les courriers oblitérés des agences postales embarquées se raréfient en 1942, et aucun n’est connu après août 19423. Pour une raison inconnue, au-delà de cette date seule des courriers sans cachet d’agence embarquée sont connus. |
Au départ, cachet des diverses agences postales embarquées des bâtiments internés Possibilité de surtaxe aérienne au tarif des marins embarqués (1fr50 par 10g) Contrôle anglo-égyptien systématique au départ Aucun contrôle postal allemand |
|
Voie présumée d’Afrique du Nord sans marque d’agence embarquée (peut-être acheminement par voie diplomatique) |
Pas de cachet d’agence embarquée Contrôle anglo-égyptien non systématique au départ Oblitération mécanique « Vichy – Allier » pour redistribution en Zone Non Occupée ou cachet « Paris RP » pour redistribution en Zone Occupée |
La voie négociée suite à l’interruption des relations postales entre la France métropolitaine et l’Afrique du Nord est indiqué dans le rapport du commandement militaire Allemand en France pour la période d’octobre à décembre 1942 (rubrique 5 Postwesen : affaires postales) :
Le courrier à destination des marins français internés à Alexandrie sera acheminé via la Turquie et la Syrie après contrôle par le centre de contrôle postal de Paris.4
Le choix de la Turquie comme point d’échange s’explique par la neutralité (en tout cas d’un point de vue postal) de ce pays qui avait conservé des relations postales aussi bien avec les pays de l’Axe qu’avec les pays alliés, dont la Syrie alors sous contrôle des Forces Françaises Libres.
Cette voie n’est utilisée, comme indiqué dans le rapport allemand, que dans le sens de la métropole vers Alexandrie.
Dans le sens Alexandrie vers la métropole, les courriers sont acheminés sans cachet d’agence embarquée, et oblitérés à Vichy ou Paris R.P. Ils sont peut-être transportés par voie diplomatique.
période |
sens |
voie |
Caractéristiques |
Décembre 1942 – mai 1943 |
métropole ➔ Alexandrie |
Voie de Syrie et Turquie (voie utilisée uniquement dans le sens métropole ➔ Alexandrie) |
Courrier adressé à « Marseille Gare Etranger » Possibilité d’accès à la « voie rapide » Contrôle allemand du centre de contrôle postal X de Paris Contrôle des Forces Françaises Libres en Syrie Contrôle anglo-égyptien systématique à l’arrivée à Alexandrie Griffe « FRENCH NAVY » appliquée à l’arrivée |
Alexandrie ➔ métropole |
Acheminement sans marque d’agence embarquée (voie diplomatique ?) |
Pas de cachet d’agence embarquée Contrôle anglo-égyptien non systématique au départ Oblitération mécanique « Vichy » pour redistribution en Zone Non Occupée ou cachet « Paris RP » pour redistribution en Zone Occupée |
|
Mai – 11 juin 1943 |
métropole ➔ bâtiments ayant quitté Alexandrie |
Voie de Syrie et Turquie Compte tenu du délai d’acheminement, les derniers courriers ayant quitté la France avant l’interruption des relations postales (11 juin 1943) ont bien atteint la Syrie mais n’ont pas été envoyés vers Alexandrie, la flotte étant déjà en route pour l’Afrique Occidentale Française. Ces courriers ont été redirigés vers l’Afrique Française du Nord. |
Courrier adressé à « Marseille Gare Etranger » Contrôle allemand du centre de contrôle postal X de Paris Contrôle des Forces Françaises Libres en Syrie Quelque-unes des dernières lettres arrivées à Alexandrie avant que la flotte ne reprenne la route après le ralliement de la flotte au CFLN (11 mai 1943) portent un cachet de transit du BCM 4 du Caire des Forces Françaises Libres. Acheminement des courriers vers le Sénégal où se dirigeait la flotte en contournant l’Afrique du Sud. Cas d’une lettre ayant été contrôlée à Alger. |
Les messages télégraphiques et les messages radio
Outre les courriers échangés, les marins avaient la possibilité de communiquer avec leur famille par le biais de télégrammes et de messages radio.
Les télégrammes personnels étaient acheminés (au moins durant les débuts de l’internement) via la poste égyptienne d’Alexandrie.
De plus la note parue dans l’Ouest-Eclair évoque la possibilité de profiter d’un télégramme groupé. Celui-ci était échangé entre le Service des Renseignement aux Familles de la préfecture maritime de Toulon et le poste radiotélégraphique du navire-amiral Duquesne. Le S.R.F de Toulon retransmettait aux familles les messages reçus d’Alexandrie via un modèle d’entier postal repiqué. Le S.R.F recevait les messages à transmettre au moyen de cartes interzones ou d’un courrier en franchise.
Ce mode de communication n’était pas spécifique aux messages échangés avec les marins internés à Alexandrie. En effet le S.R.F transmettait des messages avec les marins dispersés à travers le monde.
Par ailleurs le S.C.O.M (Service Central des Œuvres de la Marine) transmettait par radio-alger ou radio-tunis une sélection des messages télégraphiés. Ces émissions pouvaient être captées par le poste radiotélégraphique du navire-amiral Duquesne.
Les émissions radio ont forcément été interrompues du fait du débarquement allié en Afrique Française du Nord. Les messages télégraphiques semblent eux avoir été échangés jusqu'à la fin de l'internement comme le montre le message retranscrit ci-dessus, en date d'avril 1943.
L’interruption des relations postales
Alors que les alliés remportent la campagne de Tunisie, et que de Gaulle est arrivé à Alger, la flotte d’Alexandrie fini par renoncer à sa fidélité au régime de Vichy et à se rallier le CFLN. Ces évènements entraînent la décision allemande de suspendre l’acheminement du courrier vers l’escadre d’Alexandrie.
Sur ordre du commandant suprême de le zone Ouest (le général Gerd von Rundstedt) en date du 11 juin 1943, le trafic postal est interrompu « entre la zone Sud et la Tunisie ainsi qu’avec les marins internés à Alexandrie ».5
Les navires vont alors reprendre la mer en direction de l’AOF. Les arsenaux américains étant saturés, ils ne peuvent être modernisés aux USA. Ils sont réparés à Dakar et Casablanca avant d’entreprendre des missions aux côtés des alliés.
Conclusion
La très riche histoire des courriers échangés entre les marins internés à Alexandrie et leurs proches restés en métropole n’est pas encore complétement écrite : de nombreuses zones d’ombre restent à éclaircir, telles que la confirmation de la voie d’Afrique du Nord, les modalités de la voie rapide ou encore le rôle exacte de la valise diplomatique dans l’acheminement du courrier. D’autres échantillons de courriers, ainsi que des documents d’archive restent à découvrir.
1 Dépêche n° 271 du 20 août 1940 de M. Pozzi, Ministre de France au Caire, à M. Baudouin, Ministre des Affaires Etrangère in Documents Diplomatiques Français -1940, tome II (11 juillet – 30 décembre), Ministère des Affaires Etrangères, éd. P.I.E. Peter Lang, 2009
2 Cas d’une lettre du Cuirassé Lorraine du 7 juin 1940 acheminée via l’Afrique du Sud et Lisbonne in F. Richard, Histoire Navale et Postale des Internés à Alexandrie, Les Feuilles Marcophiles n° 262 juillet 1990, p. 20.
3 Observation de F. Richard, Histoire Navale et Postale des Internés à Alexandrie, Les Feuilles Marcophiles n° 262 juillet 1990
4 Lagerbericht der Militärbefehlshaber im Frankreich daté du 23 janvier 1943.
5 Lagerbericht der Militärbefehlshaber im Frankreich daté du 21 juillet 1943