Introduction

Plusieurs études philatéliques très complètes concernant le courrier des internés sur le sol français sont disponibles en ligne:

  • Les camps d'internement français en 1939-1944, Etude philatélique et historique réalisée par Michel Annet, (Association Philatélique de Rouen et Agglomération)
  • Les courriers des camps d´internement en France (1939-1945), par Henri Neimark, collection présentée sur le site de la FFAP
  • Histoire postale de la guerre civile d'Espagne, ainsi que les Compléments, par Gérard Apollaro
  • El exilo Republicano en Francia (1939-1945), par Xavier Andreu i Bartrolí, collection présentée (en Catalan) sur le site de l'AFINET
  • Réfugiés et internés civils en France en 1939-40

    Le statut des étrangers en France à la veille de la seconde guerre mondiale

    L'attitude des autorités française vis à vis des étrangers s'est considérablement durcie à la veille de la guerre, reflet des tensions croissantes en Europe.

    Le décret du 2 mai 1938 règle la police des étrangers et prévoit les modalités d'expulsion des étrangers dits indésirables. Il est complété par le décret-loi Daladier du 12 novembre 1938 relatif à la situation et à la police des étrangers prévoit les modalité d'internement ou de placement en résidence surveillée de ces étrangers indésirables.

    Ces derniers sont définis de façon assez vague, comme étant les individus moralement douteux.

    Les décrets des 2 et 14 mai dernier, qui réglementent en France la situation des étrangers, ont clairement marqué la discrimination que le Gouvernement entendait faire entre les individus moralement douteux, indignes de notre hospitalité, et la partie saine et laborieuse de la population étrangère.
    Décret-loi Daladier du 12 novembre 1938 relatif à la situation et à la police des étrangers

    La Retirada: l'afflux des réfugiés espagnols avant la seconde guerre mondiale

    L'histoire des camps en France débute avant la seconde guerre mondiale avec la défaite du camp Républicain en Espagne. Mais les camps créés en 1939 pour les réfugiés espagnols deviendront des rouages de la politique de rafle mise en place par le régime de Vichy.

    La guerre civile espagnole éclate le 17 juillet 1936 avec le soulèvement militaire nationaliste menés par les généraux Mola et Franco contre la République espagnole. Ce soulèvement entraîne une guerre civile opposant nationalistes et républicains qui déclenche des vagues de migrations de populations fuyant les combats, toutefois de relative faible ampleur. Les réfugiés en France sont toutefois surveillés par les autorités françaises.



         
     

    Bordereau de télégramme du 6 novembre 1936 envoyé par la sous-préfecture de Montluçon au Préfet de la Haute-Garonne à Toulouse signalant « à toutes fins utiles » le passage en gare de Toulouse d’un « détachement de treize réfugiés espagnols rapatriés via Cerbère ».

     
     

    La chute de Barcelone (26 janvier 1939) et de Madrid (26 mars 1939) entraînent un afflux massif de réfugiés espagnols vers la France, soit de Républicains fuyant la répression féroce du général Franco soit de civils fuyant les zones de combats. Des solutions précaires de baraquements sont mises en place, dans un premier temps à proximité de la frontière espagnole puis dans tout le sud-ouest de la France :

    CampDescription
    Agde (Hérault)

    Le camp d'Agde a été ouvert en mars 1939 sur un terrain militaire désaffecté pour y accueillir des réfugiés espagnols.

    Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales)

    Le camp d’Amélie-les-Bains est une aire de rassemblement aménagée en février 1939 pour les réfugiés espagnols et semble avoir fonctionné quelques mois.

    Arandon (Isère)

    La camp d’Arandon est aménagé dans une usine désaffectée (automobiles Vialle frères) afin d’y transférer les espagnols du palais de la houille blanche à Grenoble, dont les conditions sanitaires sont catastrophiques.

    Argelès-sur-mer (Pyrénées-Orientales)

    Le camp d'Argelès-sur-mer est le premier camp d'envergure construit pour accueillir les réfugiés espagnols affluant en masse en février 1939 devant l'avancée des troupes franquistes. Il est constitués de baraquements bâtis sur la plage d'Argelès par les réfugiés eux-même sous le contrôle de l'autorité militaire. Les conditions y sont déplorables (absence d'eau courante, maladies, vermine, sable) et Robert Capa a décrit en mars 1939 le camp comme un enfer sur sable. A cette date, 77 000 réfugiés s'y entassent.

    Arles-sur-Tech (Pyrénées-Orientales)

    Le camp de la Baixeria à Arles-sur-Tech a été aménagé en février 1939 et semble avoir fonctionné quelques mois.

    Aspres-sur-Buech (Hautes-Alpes)

    La camp du Pont de la Dame à Aspres-sur-Buëch a été ouvert pour accueillir des réfugiés espagnols.

    Bram (Aude)

    Le camp de Bram (Aude) a été ouvert en février 1939 pour héberger les réfugiés Espagnol. Il était constitué de baraquements construits sur un vaste terrain de 12 hectares. Il avait une capacité de 15 000 personnes.

    Grenoble : palais de la houille blanche (Isère)

    Près de 2 000 espagnols transférés depuis les camps du sud-ouest de la France sont installés au Palais de la Houille Blanche à Grenoble (construit pour une exposition de 1925 consacrée à l’électricité hydroélectrique) dès février 1939. Les conditions sanitaires y sont catastrophiques et les internés sont transférés au camp d’Arandon.

    Gurs (Basses-Pyrénées)

    Le camp de Gurs a ouvert en avril 1939 afin d'héberger les espagnols (hommes, femmes et enfants) de la Retirada, la fuite des populations civiles et des combattants Républicains devant l'avancée des troupes franquistes.

    Dès son ouverture, du fait de son importance, le camp de Gurs est doté d'un bureau de poste.

    D'une capacité d'environ 19 000 places, il est constitué de barraquements organisés en ilots :

  • ilots A, B, C et D : Basques
  • ilots E et F : Espagnols non basques
  • ilots G, H, I et partiellement J : Brigades Internationales (5 000 à 7 000)
  • ilots partiellement J, K, L, M : les aviateurs qui étaient des pilotes et techniciens au sol de l'aviation Républicaine.
  • Comme dans tous les camps construits à la hâte pour l'accueil des réfugiés, les conditions de vie sont déplorables : boue envahissante, conditions sanitaires précaires, prolifération des parasites et des maladies.

    La Tour de Carol (Pyrénées-Orientales)

    Le camp de La Tour de Carol est une aire de rassemblement aménagée en février 1939 pour les réfugiés espagnols et semble avoir fonctionné quelques mois.

    Le Barcarès (Pyrénées-Orientales)

    Le camp du Barcarès, constitués de baraquements sur la plage, héberge des réfugiés espagnols à partir de février 1939. En mars 1939 il compte 17 000 réfugiés.

    Le Vernet (Ariège)

    Le camp du Vernet est constitué de baraquements construits à proximité de la ville du Vernet dans l'Ariège en février 1939. Il compte 13 000 réfugiés en mai 1939, pour l’essentiel des combattant républicains espagnols et des Brigades Internationales de la colonne Durruti.

    Il est divisé en quatre quartiers : A pour les détenus de droit commun, B pour les détenus politiques, C pour les suspects et T pour les détenus en transit.

    En septembre 1939, le camp est quasiment vidé de ses occupants, et seuls 385 travailleurs y demeurent afin de l’entretenir et en vue de son réaménagement. Les internés ont soit été rapatriés en Espagne, soit transférés vers le camp de Septfonds (Tarn-et-Garonne).

    Poitiers (Vienne)

    Baraquements construits sur la route de Limoges. 800 réfugiés au 2 février 1939.

    Prats-de-Mollo (Pyrénées-Orientales)

    Situé à quelques kilomètres de la frontière espagnole, le village de Prats-de-Mollo dans les Pyrénées-Orientales voit affluer dès janvier 1939 des milliers de Républicains espagnols et de membres de Brigades Internationales lors de la Retirada. Ces réfugiés sont arrêtés par les autorités françaises et un camp constitué de barraquements est mis en place. Mi-février, 35 000 réfugiés y sont installés, souffrant du froid et des conditions précaires. Le camp est fermés fin mars 1939.

    Rieucros-Mende (Lozère)

    Le camp de Rieucros, ouvert le 14 février 1939 sur décret du 21 janvier 1939 est le premier camp destiné à l’internement administratif des réfugiés espagnols considérés comme « susceptibles de causer des troubles à l’ordre public », essentiellement des Républicains communistes. Il est installé dans les dépendances du prieuré de la commune de Mende, en Lozère.

    Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales)

    Le camp de Saint-Cyprien, constitué de baraquements sur la plage, héberge des réfugiés espagnols à partir de février 1939. En mars 1939 il compte 90 000 réfugiés.

    Septfonds : camp de Judes (Tarn-et-Garonne)

    Le camp de Judes à Septfonds était un camp militaire dont une partie a été aménagée pour accueillir des réfugiés Espagnols.

    Dès son ouverture, du fait de son importance, le camp de Septfonds est doté d'un bureau de poste en son sein.

    Les conditions de vie deviennent vite effroyables : la promiscuité, l'absence de chauffage en hiver ou au contraire les baraquements surchauffés en été, l'absence d'eau courante, la boue, les parasites, les épidémies transforment ces camps en véritable enfer.

     
     
         
     
    Lettre envoyée le 29 novembre 1939 par un réfugié espagnol au camp de Septfonds (Tarn-et-Garonne) à un compatriote au camp de Gurs (Basses-Pyrénées). La lettre est affranchie au moyen du timbre surchargé "F" distribué aux réfugiés pour leurs courriers en franchise et a été contrôlée à l'arrivée au camp de Gurs (bande neutre et griffe Censure militaire).

    La prestation et les Compagnies de Travailleurs Etrangers (CTE)

         
     
    Lettre envoyée le 1er mars 1940 de Lisieux par un allemand prestataire au sein du camp n° 3. Contrôle de la commission UP dédiée au contrôle postal du courrier des prisonniers de guerre.
    Le Figaro (Paris. 1854)
    Le Figaro du 19 avril 1939
    évoque la mise en place d'unités de travailleurs au sein de camps de réfugiés espagnols
    Source: gallica.bnf.fr

    La prestation est définie par l'article 3 du décret Daladier du 12 avril 1939. Ce décret définit les conditions auxquelles les étrangers bénéficiaires du droit d'asile, en l'occurence essentiellement les réfugiés espagnols, peuvent contracter un engagement de prestation auprès d'un corps de l'armée. La terminologie Compagnie de Travailleurs Espagnols apparaît dès 1939 dans ce cadre de ce décret : le 19 octobre 1939, le président du conseil Daladier souhaite constituer, avec une partie des Espagnols qui se trouvent encore dans les camps du Sud-Ouest, un certain nombre de compagnies d’ouvriers de renforcement appelées à être utilisées dans les établissements constructeurs et poudreries (cité par Jacky Tronel http://prisons-cherche-midi-mauzac.com).

    De nombreaux espagnols sont ainsi enrôlés dans des Compagnies de Travailleurs.

    Le décret du 13 janvier 1940 étend la prestation aux ressortissant étrangers internés (notamment les Allemands). Ce décret transforme les unités de prestataires en Compagnies de Travailleurs Étrangers. Ces décrets permettent sous condition aux étrangers bénéficiant du droit d'asile en France de s'enrôler auprès de l'armée française sur la base du volontariat, étendant ainsi la prestation à des allemands anti-nazis.

    Les prestataires assurent des tâches de manutention et de terrassement militaire.

    Une liste non exhaustive des CTE a été établie par la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse (CNAV) en 1980 afin de faciliter la reconnaissance des droits à la retraite des travailleurs des CTE.

     

    L'internement des indésirables

    Deux catégories de personnes sont par définition moralement douteuses aux yeux des autorités françaises, et rentrent de fait dans la catégorie des indésirables: les ressortissants de pays ennemis (y compris des Allemands et Autrichiens anti-nazis réfugiés en France) , et les sympathisants communistes (Français ou étrangers, notamment Républicains espagnols) suite à la signature du pacte Germano-Soviétique le 23 août 1939

    A la logique d'accueil de réfugiés espagnols arrivants en masse aux frontières du Sud-Ouest s'ajoute donc à la déclaration de la guerre une logique d'internement des étrangers déjà présents sur le sol français.

    Une circulaire du 30 août 1939, confirmée par un décret du 1er septembre 1939, prévoit le rassemblement des étrangers masculins de 17 à 50 ans ressortissant de pays ennemis et la création de Centres de Rassemblement.

    Le décret du 14 septembre 1939 complète le précédent en appelant les hommes de 50 à 65 ans.

    Dès l'entrée en guerre de la France, des camps sont créés à travers le pays. En région parisienne, des lieux de rassemblement temporaires sont mis en place, notamment en requisitionnant des stades ou en utilisant les prisons parisiennes :

  • Stade Roland-Garros à Paris
  • Stade Yves-du-Manoir à Colombes
  • Ecuries de Maison-Laffitte
  • Prison de la Santé
  • Prison de la Petite-Roquette (femmes)
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    Carte envoyée le 16 septembre 1939 de Courbevoie (Seine) par un interné Sarrois parqué provisoirement au stade Yves-du-Manoir à Colombes. Comme de nombreux autres indésirables, l'expéditeur a ensuite été transféré vers le camp de Meslay-du-Maine en Mayenne

    Le 26 septembre 1939, le Parti Communiste Français est dissout, mettant les communistes et sympathisants hors la loi.

    De nombreux camps créés pour les réfugiés espagnols continuent à être utilisés et servent à interner également des ressortissants étrangers. De nouveaux camps sont également créés dans le cadre de cette logique d'internement des indésirables sous les dénominations de Centre de Rassemblement des Etrangers (C.R.E), Centre de Séjour Surveillé (C.S.S) ou encore Camp de Concentration. Des dizaines de camps ont été créés, certains ne détenant que quelques internés contre des milliers pour les plus importants. La liste ci-dessous des camps ayant fonctionné sous la IIIème République durant les hostilités n'est pas exhaustive.

    CampDescription
    Agde (Hérault)

    Au début des hostilités, les Espagnols sont évacués du camp d’Agde et les barraquements hébergent des volontaires tchécoslovaques, ainsi qu'un centre de recrutement de volontaires de l'armée Belge.

    Albi : camp de la Viscose (Tarn)

    La camp dit de la Viscose, installé dans le quartier Saint-Antoine à Albi, est utilisé dès le début de la guerre comme centre de rassemblement des étrangers.

    Antibes : Fort Carré (Alpes-Maritimes)

    Le Fort-Carré à Antibes est utilisé comme centre de rassemblement des étrangers (C.R.E) en 1939-1940.

    Arandon (Isère)

    A la déclaration de la guerre, le camp d’Arandon devient un camp pour indésirables : aux réfugiés espagnols viennent d’ajouter les ressortissants allemands et autrichiens sur le sol français.

    Argelès-sur-mer (Pyrénées-Orientales)

    Espagnols et membres des Brigades Internationales peuplent le camp d'Argelès-sur-Mer de la déclaration de guerre à la débacle.

    Asnières-lès-Dijon : Fort-Brulé (Côte d'Or)

    Le Fort-Brulé à Asnières-lès-Dijon est un ouvrage militaire datant de 1874. Aucune information n'a été trouvée sur son utilisation comme C.S.S et il n'a probablement hébergé que quelques internés de septembre 1939 à mai ou juin 1940.

    Aspres-sur-Buech (Hautes-Alpes)

    Le camp d’Aspres-sur-Buech a fonctionné durant toute la période des hostilités.

    Athis de l'Orne (Orne)

    Camp de rassemblement des étrangers installé dans une ancienne usine de septembre 1939 à juin 1940.

    Audierne (Finistère)

    Le camp d’Audierne a été ouvert comme centre de rassemblement des étrangers dans une ancienne conserverie de poissons (source ajpn.org) et n’avoir fonctionné qu’en juin 1940, entre la 2ème vague d’internement suite à l’offensive allemande et l’armistice du 22 juin 1940.

    Bassens (Gironde)

    Le camp de Bassens a été aménagé vers mars 1940 dans les bâtiments d’une ancienne poudrerie. Il a été utilisé comme camp d’internement pour indésirables, notamment des anti-fascistes allemands et des militants et intellectuels communistes tchèques.

    Il est désigné dans la nomenclature des dépôts d’internés civils comme étant le dépôt B18 IC.

    Blois-Silo (Loir-et-Cher)

    La camp de Blois-Silo, ouvert dès septembre 1939 et placé sous la garde du 52ème régiment régional, semble n’avoir fonctionné que jusqu’en janvier 1940.

    Bordeaux : centre d’embarquement (Gironde)

    Le centre d’embarquement des étrangers est un camp ouvert fin 1939 (source http://www.apra.asso.fr/Camps/Fr/Camp-Bordeaux.html) dans une ancienne corderie située 35, cours du Médoc à Bordeaux pour les internés autorisés à quitter la France et en instance d’embarquement. Il a fonctionné jusqu'en juin 1940.

    Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme)

    L'ancien camp militaire de Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme) a été utilisé comme camp de rassemblement des étrangers dès le début de la guerre.

    Bram (Aude)

    Le camp de Bram a été désaffecté en octobre 1940.

    Brens (Tarn)

    Créé par la réquisition préfectorale le 16 octobre 1939 d’un terrain sur la commune de Brens, le camp de Brens sert en mai 1940 à accueillir des réfugiés belges et polonais fuyant l’avancée allemande.

    Carpiagne (Bouches-du-Rhône)
    Catus Cavalier (Lot)

    Le camp de Catus-Cavalier a été ouvert dès le début des hostilités en 1939. Il est installé dans une ferme pour y interner des ressortissants allemands. Il a vraisemblablement cessé de fonctionner à l’armistice en juin 1940.

    Cepoy (Loiret)

    Le camp de Cépoy a été aménagé début 1940 dans les bâtiments de l’ancienne verrerie de Montenon près du village de Cépoy afin d’y interner des indésirables

    Il est désigné dans la nomenclature des dépôts d’internés civils comme étant le dépôt C5 IC.

    Chambaran (Isère)
    Coëtquidan (Morbihan)
    Colombes : stade Yves-du-Manoir (Seine)

    Dès la déclaration de guerre, le stade Yves-du-Manoir à Colombes est un des lieux réquisitionnés pour y rassembler les ressortissants allemands et autrichiens considérés comme indésirables, y compris lorsqu'il s'agit d'antinazis ayant fuit le l'Allemgne, voire d'apatrides déchus leur nationalité par le régime nazi.

    Le stade de Colombes est utilisé temporairement de septembre à décembre 1939. Les internés sont évacués vers d'autres camps, notamment le camp de Meslay-du-Maine (Mayenne).

    Damigny (Orne)

    Le camp n° 2 de Damigny a fonctionné de décembre 1939 à mai 1940. Il était constitué de baraquements construits sur un terrain de 3 hectares. 20 300 internés autrichiens et allemands y ont séjourné.

    Il est devenu début avril 1940 le dépôt d'internés civils D4 IC

    Doullens (Somme)
    Falaise (Calvados)

    Centre de rassemblement des étrangers de Falaise

    Fresnay-sur-Sarthe (Sarthe)
    Guelaintin (Mayenne)

    Camp d’internement pour « indésirables dangereux » ayant fonctionné à partir de mars 1940. La date de fermeture est incertaine, le camp ayant probablement été évacué en juin 1940. Il est désigné comme camp n°5 de la 4e région militaire.

    Gurs (Basses-Pyrénées)

    La composition du camp de Gurs va constamment évoluer au cours de son existence au grè des mouvements d'internés (départ d'Espagnols, arrivés des Allemands et Autrichiens, des internés politiques, des juifs).

    Une partie des internés, notamment espagnols, constitue la 182ème Compagnie des Travailleurs Etrangers qui deviendra le 182ème Groupement des Travailleurs Etrangers

    Les Allemands, Autrichiens et apatrides (déchus de leur nationalité allemande par le IIIème Reich en raison de leurs opinions anti-nazies) sont désignés comme indésirables par le décret-loi Daladier du 12 novembre 1938 relatif à la situation et à la police des étrangers. Ce décret entre en application dès la déclaration de guerre en septembre 1939, mais les premiers internés Allemands n'arrivent à Gurs que début 1940.

    De mai à septembre 1940, en pleine débâcle, le camp voit affluer des internés transférés des camps des régions du nord de la Loire, souvent après une première étape via le camp des Milles près d'Aix en Provence. En effet devant l'avancée allemande, les autorités françaises ont transférés prisonniers et internés vers le sud en même temps que les administrations étaient repliées.

    Largentière (maison d'arrêt) (Ardèche)

    La maison d'Arrêt de Largentière (Ardèche) est utilisée comme camp de rassemblement des étrangers de septembre 1939 au 20 octobre 1939, date à laquelle les internés sont transférés vers le camp des Milles (bouche du Rhône).

    source : d'après Des Indésirables – Les camps d'internement et de travail dans l'Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale V. Giraudier, J. Sauvageon, H. Mauran, R. Serre, Ed. Peuple Libre & Notre Temps, 1999.

    Le Barcarès (Pyrénées-Orientales)

    Les internés du Barcarès avaient la possibilité de s'engager dans la Légion Étrangère. Trois Régiments de Marche de Volontaires Étrangers (RMVE) ont ainsi été constitués : le 1er (créé le 29 septembre 1939, rebaptisé rebaptisés 21e RMVE le 25 février 1940), le 2e (créé le 24 octobre 1939, rebaptisé rebaptisés 22e RMVE le 25 février 1940) et le 23e en mai 1940.

    Le Vernet (Ariège)

    A partir d’octobre 1939, le camp du Vernet devient un camp répressif où sont internés les « indésirables » et politiques considérés comme dangereux, notamment les communistes considérés comme alliés des nazis du fait du pacte germano-soviétique. L’écrivain Arthur Koestler, membre des brigades internationales, y est interné d’octobre 1939 à janvier 1940.

    Les Milles (Bouches-du-Rhône)

    Le camp des Milles, installé dans une ancienne briquetterie réquisitionnée, fontionne dès le début de la guerre comme centre de rassemblement des étrangers. Il devient en mars 1940 le dépôt d'internés civils A15 IC, mais cette dénomination ne commence à apparaître qu'à Lambesc où le camp est provisoirement transféré dans une ancienne conserverie du 18 avril au 20 mai 1940. A cette date les allemands de 18 à 55 ans sont de nouveaux appelés à rejoindre des camps, et le camp des Milles et désigné comme centre de rassemblement pour la région de Marseille.

    Le camp est connu pour avoir eu de nombreux artistes et écrivains internés.

    Libourne (Gironde)
    Lisieux (Calvados)

    Le camp de Lisieux est un centre de rassemblement des étrangers devenu en 1940 camp de prestataires. Il était installé dans une ancienne usine désaffectée.

    Loriol (Drôme)

    Le Centre de Rassemblement des étrangers de Loriol a été ouvert en septembre 1939 dans une usine du fabricant de produits chimiques Poulenc désaffectée depuis 1929. Les effectifs sont difficiles à évaluer mais le camp a vraisemblablement compté 150 internés à ses débuts et jusqu'à 290 vers avril 1940.

    Le camp est placé sous le commandement et la garde du 146e Régiment Régional d'Infanterie.

    En mai 1940, le camp prend le statut de dépôt d'internés civils sous la référence A14 IC (Dépôt A de la 14e région militaire).

    Le camp est évacué début juin 1940 vers d'autres camps plus au sud.

    source : d'après Des Indésirables – Les camps d'internement et de travail dans l'Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale V. Giraudier, J. Sauvageon, H. Mauran, R. Serre, Ed. Peuple Libre & Notre Temps, 1999.

    Marolles (par Fossé) (Loir-et-Cher)
    Meslay-du-Maine (Mayenne)

    Camp de Meslay-du-Maine au lieu-dit Les Rochères, constitué de baraquements installés sur un terrain de 3,5 hectares autour du château des Rochères.

    Meuvaines : camp de Bellevue (Calvados)

    Le camp de Bellevue à Meuvaines (Calvados) est un ancien camp scout aménagé en Centre de Séjour Surveillé (C.S.S.) pour politiques et syndicalistes (communistes).

    il semble avoir fonctionné durant le premier semestre 1940, et avoir été évacué devant l’avancée des troupes allemandes.

    Montrouge : stade Buffalo (Seine)
    Paris : vélodrome d'hiver (Seine)
    Poitiers (Vienne)
    Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle)

    C.R.E de Pont-à-Mousson

    Rennes (Ille-et-Vilaine)

    Camp de Rennes

    Rieucros-Mende (Lozère)

    Le 6 octobre 1939, les « indésirables dangereux » sont transférés au camps du Vernet. Le camp de Rieucros-Mende devient alors un camp d’internement pour femmes ressortissantes de pays ennemis.

    Rouen : hall des expositions (Seine-Maritime)

    Un camp pour femmes étrangères a été établi au hall des expositions à Rouen en mai 1940. Sa durée a été éphémère.

    Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales)
    Saint-Just-en-Chaussée (Oise)

    Le C.R.E. de Saint-Just-en-Chaussée est établi de septembre 1939 à mai 1940 dans une ferme à proximité de la ville.

    Septfonds : camp de Judes (Tarn-et-Garonne)

    Le camp de Judes est progressivement vidé de ses internés en février-mars 1940 et retrouve son affectation militaire : il devient un centre de mobilisation pour étrangers et héberge des un centre de formation de l'armée polonaise en France.

    Varennes-Vauzelles (Nièvre)

    Le château de Vernuche à Varennes-Vauzelles, près de Nevers (Nièvre) a été utilisé comme Centre de Rassemblement des Etrangers en septembre 1939. Le philosophe allemand Walter Benjamin y a été interné après être passé par le stade Yves-du-Manoir à Colombes.

    Varimpré (Seine-Maritime)

    Le camp de Varimpré est installé dans une ancienne verrerie

    Villebarou : camp de Francillon (Loir-et-Cher)

    Camp de Francillon à Villebarou

    Villemallard (Loir-et-Cher)

    Camp de Villemallard.

    Villerbon (Loir-et-Cher)

    Camp de Villerbon.

     
     
         
     
    Carte envoyée le 20 novembre 1939 d'Eymoutiers (Haute-Vienne) à destination d'un interné au centre de rassemblement des étrangers (C.R.E) de Villerbon (Loir-et-Cher). Le cachet rouge de contrôle Visa - Contrôle Postal des Etrangers est commun a plusieurs camps du Loir-et-Cher : une commission commune réceptionnait et contrôlait peut-être l'ensemble du courrier des internés de la région de Blois.
     
     
         
     
    Lettre envoyée le 19 mars 1940 par un interné du Centre de Rassemblement des Etrangers de Loriol (Drôme) à destination de la Suisse. Le cachet Contrôlé au Départ rouge et le cachet 146e R.R. CENTRE RASST ETRANGERS - Le Commandant du Centre ont été apposés au camp.
     
     
     
     
    Lettre envoyée le 17 octobre 1939 des USA à destination d'une femme domiciliée à Nice et ayant entre-temps été internée au centre de rassemblement des étrangers (C.R.E) du Fort-Carré à Antibes.
     
     
         
     
    Carte envoyée le 13 juin 1940 de Villers-lès-Pots (Côte-d'Or) à destination d'un interné au centre de séjour surveillé (C.S.S) du Fort-Brulé à Asnières-lès-Dijon (Côte-d'Or).
     

    Les dépôt d'internés civils non prestataires

    Par opposition aux étrangers intégrés dans les rangs de l'armée comme prestataires au sein des Compagnies de Travailleurs Etrangers (CTE), les civils non prestataires sur le sol français restent internés au sein de camps.

    (*) cité dans Lettres des internés du Camp des Milles 1939-1942, par Guy Marchot, p.50-51

    La catégorie des civils non prestataires est définie dans l'instruction n° 6168 1/EMA du 15 mars 1940 (*)

    Des dépôts militaires dédiés au regroupement des internés civils non prestataires sont désignés dans l'instruction du 29 mars 1940 de l'EMA 1er bureau n° 7488 (*). Cette instruction en recense six, mais il en existe davantage, et la liste ci-dessous n'est sans doute pas exhaustive:

  • D4 IC : Damigny (Orne)
  • C5 IC : Cépoy (Loiret)
  • K8 IC : Montbard (Côte d'Or)
  • B18 IC : Bassens (Gironde)
  • A20 IC : Mirecourt (Vosges)
  • B20 IC : Neufchâteau (Vosges)
  • A14 IC : Loriol (Drôme)
  • A15 IC : Les Milles et Lambesc(Bouches-du-Rhône)
  • La première lettre est l'indicateur du dépôt et le chiffre qui suit indique la région militaire dans laquelle se trouve le dépôt.

    Les internés civils non prestataires sont assimilés à des prisonniers de guerre. Leur courrier est contrôlé par la commission UP de Paris, dédiée au courrier des prisonniers de guerre, et les courriers transitent par le bureau de poste Paris-centralisateur.



              
     

    Lettre envoyée le 30 mai 1940 du consulat général d'Haïti au Havre à destination d'un allemand interné civil au camp C5IC de Cépoy dans le Loiret. Le courrier est contrôlé par la commission UP qui a apposé un très rare cachet "acheminer d'urgence - commission UP". Le courrier concerne l'obtention d'un visa pour Haïti. Les internés avaient en effet la possibilité, après passage devant d'une commission dite de criblage, de quitter la France pour un pays allié ou non-belligérant.

     
     


    14 Mai 1940 : la deuxième vague d'internement d'indésirables


    Le Matin du 14 mai 1940 : communiqué appelant les hommes et femmes allemands à se rendre au stade Buffalo et au vélodrome d'hiver.
    Source: gallica.bnf.fr

    Après des mois de Drôle de Guerre, l'offensive allemande est lancée le 10 mai 1940. La crainte d'une cinquième colonne, autrement dit des ennemis infiltrés au sein de la population, conduit à une deuxième vague d'internement des ressortissants allemands (y compris Sarrois et Dantzikois), autrichiens et apatrides d'origine allemande. Un communiqué du 14 mai 1940 appelle ces ressortissants hommes et femmes de 17 à 55 ans à rejoindre un camp d'internement. La population visée en mai 1940 est plus large qu'en septembre 1939 où seuls les hommes étaient concernés, dans un premier temps jusqu'à 50 ans puis jusqu'à 65 ans).

    En région parisienne (département de la Seine), les hommes concernés par les avis diffusés via la presse et les affiches doivent se rendre le 14 mai 1940 au Stade Buffalo à Montrouge (un compte-rendu de l'arrivée des internés au stade Buffalo est paru dans le Figaro du 15 mai 1940 sous le titre Le rassemblement au stade Buffalo des ressortissants allemands.) tandis que les femmes devaient se regrouper le 15 mai 1940 au Stade du Vélodrome d'Hiver (Vél d'Hiv) à Paris 15ème arrondissement (un article du Matin du 24 mai 1940 évoque le vélodrome d'Hiver, devenu un vaste camp de concentration).

    Le 29 mai 1940, les hommes de 50 à 65 ans sont à leur tour appelés.

    C'est ainsi que des hommes internés en septembre 1939 et relachés après leur passage devant la commission de criblage mais toujours sur le sol français ont de nouveau été internés.

    L'évacuation des internés devant l'avancée allemande et l'armistice

    Devant l'avancée des troupes allemandes, les prisonniers de droit commun et les internés du nord et de l'est de la France sont évacués, le plus souvent à marche forcée, vers les camps du sud.

    Les internés viennent ainsi grossir les effectifs de camps tels que Gurs, les Milles, Rivesaltes qui s'avéreront être des pièges mortels pour nombres d'entre eux sous le régime de Vichy. En effets les internés sont bien souvent soit des antinazis (parfois apatrides déchus de leur nationalité par le régime nazi) recherchés par les autorités nazies, soit des juifs livrés par les autorités de Vichy et déportés.

    L'article 19 de la convention d'armistice du 22 juin 1940 prévoit explicitement la remise aux autorités allemandes des civils internés.


    Vers l'internement administratif sous le régime de Vichy.