Le régime de Vichy exerce une emprise idéologique sur l'ensemble de la société, de façon particulièrement prégnante en zone sud jusqu'en novembre 1942, où le régime intervient directement et de façon autonome dans l'oganisation sociétale à travers plusieurs mouvements et organismes d'une part, et à travers les médias qui véhiculent sa propagande.
Créé le 29 août 1940 afin de remplacer les associations d'anciens combattants de la première guerre, la Légion française des combattants, présente en zone sud uniquement car elle n'est pas autorisée en zone occupée, devient le 19 novembre 1941 La Légion française des combattants et des volontaires de la révolution nationale afin d'y intégrer les volontaires trop jeunes pour être anciens combattants de la première guerre. A son apogée en 1942, elle compte 900 000 adhérents en métropole, 500 000 outre-mer auxquels s'ajouteront 350 000 volontaires de la Révolution nationale (chiffres Wikipédia). C'est l'organisation « de masse » du régime , la seule (Jean-Marie Guillon, La Légion française des combattants, ou comment comprendre Vichy, Annales du Midi Année 2004 116-245 pp. 5-24).
Lettre à en-tête de la légion française des combattants et volontaires de la Révolution nationale affranchie au moyen d'une machine à affranchir avec slogan de la Légion, envoyée de Marseille le 20 juillet 1943. Le dévouement à la cause pétainiste est illustrée par le slogan « La légion demeure le meilleur instrument de la Révolution Nationale - Maréchal Pétain ».
La Légion est un puissant outil de propagande du régime, et intervient directement dans la vie politique locale : « [...]ce qui frappe[...], c'est l'étonnante homogéneité dont la Légion fait preuve, par delà les « cultures » régionales et les situations locales. [...] Comment ne pas relever l'unité de l'idéologie, la virulence sectaire, la mainmise qu'elle tente d'exercer sur les administrations communales et départementales, la puissance de ses moyens de propagande, le rôle majeur qu'elle joue dans les célébrations du régime qui, de Jeanne d'Arc à son propre anniversaire, sont autant d'anti 14-juillet ? Elle est partout le fer de lance de l'épuration politique qui aboutit au remplacement de centaines de municipalités, bien au delà de ce qu'exigeait la loi du 16 novembre 1940 qui limitait le remaniement aux villes de plus de 2 000 habitants. On lui doit des milliers d'enquêtes sur les personnes qui parfois, se sont conclues par des internements ou des emprisonnements. » Jean-Marie Guillon, La Légion française des combattants, ou comment comprendre Vichy, Annales du Midi Année 2004 116-245 pp. 5-24).
Impopulaire du fait de son ingérence dans la vie administrative et publique, son influence diminue toutefois à partir de 1942, supplantée par le Service d'Ordre Légionnaire puis la Milice qui en sont les émanations et qui sont plus impliquées dans la politique de collaboration portée par le chef du gouvernement Pierre Laval.
La Légion est dissoute à la Libération sans toufefois faire l'objet d'une épuration judiciaire très poussée, à la fois en raison de l'aura des anciens combattants de 14-18 et du fait que son activité datant surtout de la période 1940-1942 (le « premier Vichy. »), celle-ci a été occultée par les exactions des ultra-collaborationnistes, dont la Milice.
Organisme caritatif créé durant la première guerre mondiale, le Secours National est réactivé le 19 octobre 1939 au début de la seconde guerre. Le 4 octobre 1940, il est placé sous la haute autorité du maréchal Pétain.
Lettre envoyée le 12 mars 1942 par un représentant du Secours National à une correspondante de l’organisation. La lettre annonce l’allocation d’une avance permanente de 1 000 F. pour les œuvres du Secours National et explique les modalités de justification des dépenses.
Il a le monopole des appels publics aux dons, notamment via la vente des « bons de solidarité ».
Lettre à entête de la commission inter-comités des comités d’organisation des industries chimiques et de la parfumerie envoyée de Paris le 29 avril 1944 avec flamme « Secours National barrage contre la misère ».
La jeunesse est également encadrée à travers les compagnons de France (jeunes de 14 à 20 ans) et les chantiers de jeunesse (à l'age de 20 ans).
Les Compagnons de France, organisation inspirée du scoutisme, sont créés en août 1940 sur par Henry Dhavernas sur son initiative personnelle. « Le rôle des Compagnons est en principe, d’abord, de rendre des services à la population : aide aux personnes déplacées, aide aux moissons. Il s’agit de manifester la solidarité de la jeunesse à une population en détresse et de mettre en œuvre la charité chrétienne. Mais, au-delà, il s’agit bien de reformater une jeunesse que Dhavernas considère comme livrée à elle-même et aux miasmes de la société démocratique, matérialiste et athée. » (source : CIERV centre international d'études et de recherches de Vichy sur l'histoire de la France de 1939 à 1945).
Les Compagnons de France font ainsi la promotion de la Révolution Nationale pétainiste. Ils recrutent sur la base du volontariat, en organisant de campagnes d'affichage.
Les 25 et 26 juillet 1942 des festivités pour le second anniversaire de la création des Compagnons de France sont organisées à Randan (Puy-de-Dôme). Cet évènement a fait l'objet d'une oblitération temporaire.
Le 31 mai 1942, une exposition est organisée à Marseille et a également fait l'objet d'une oblitération temporaire.
Le mouvement reste toutefois à l'écart de toute collaboration active, et de nombreux cadres (dont le responsable national depuis 1941, Guillaume de Tournemire) choisissent de rejoindre la Résistance. Le mouvement est dissous en janvier 1944.
Les chantiers de la jeunesse, créés le 31 juillet 1940, sont eux obligatoires pour les jeunes hommes en age d'effectuer leurs obligations militaires (20 ans). Une page leur est consacrée.
La question de l'approvisionnement, qu'elle concerne les denrées alimentaires, le carburant ou les biens de consommations courants, est centrale dans vie quotidienne en temps de guerre. La vie quotidienne est marquée par les pénuries dues à la fois à la désorganisation de l'économie (1 845 000 français sont prisonniers en Allemagne, auxquelles s'ajoutent à partir de 1943 les quelques 600 000 requis du STO : ce sont autant de bras qui manquent à l'industrie, aux services et à l'agriculture) et aux réquisitions allemandes.
Les tickets de rationnement permettant d'accéder aux denrées de première nécessité (matières grasses, viande, fromage, pain et sucre) sont mis en place en octobre 1940. Un marché parallèle, dît marché noir se développe pour les plus aisés.
Carte postale humoristique envoyée de Saint-Raphaël le 8 avril 1942, moquant le système des tickets de rationnement en place depuis octobre 1940.
Carte postale humoristique abordant le thème du marché noir, envoyée le 10 février 1942 d’Aix-en-Provence